Une charogne
Charles Baudelaire 2007.10.03. 13:50
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Rappelez-vous l’objet que nous vmes, mon me,
Ce beau matin d’t si doux :
Au dtour d’un sentier une charogne infme
Sur un lit sem de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une faon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’panouir.
La puanteur tait si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous vanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un pais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s’lanait en ptillant ;
On eût dit que le corps, enfl d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une trange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s’effaaient et n’taient plus qu’un rêve,
Une bauche lente à venir,
Sur la toile oublie, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fch,
piant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lch.
— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
toile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui ! telle vous serez, la reine des grces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ma beaut ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gard la forme et l’essence divine
De mes amours dcomposs !
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[ Mesld el, lelkem, a szp nyrhajnali ltvnyt,
melybe ma szemnk tkztt:
Az svnyfordul kavicsos homokgyn
vratlan egy iszonyu dg
nyitotta lbait cdn magasba lkve,
mig izzadt mreg jrta t,
lnk, gnyosan s semmivel sem trdve,
kiprolgssal telt hast.
A nap sugarai tn azrt tndkltek
gy e sl szemt fltt,
hogy atomjaiban adjk vissza a Fldnek
azt, amit az egybekttt.
S e ggs vzra mint nyiladoz virgra
nzett al az g szeme;
a bz ereje az egsz rtet bejrta,
azt hitted, eljulsz bele.
A mocskos has krl legyek dongtak, s belle,
folyadkknt s vastagon,
fekete lgik, pondrk jttek, s nyzsgve
msztak az l rongyokon.
S mindez radt, apadt, mint a hullm, s repesve
s gyngyzve nha felszkellt:
a test bizonytalan dagadva-llegezve
sokszorozott letre kelt.
S e vilg muzsiklt, halkan zizegve, lgyan,
mint fut szl a t vizn,
vagy mint a mag, melyet a gabonaszitban
temre forgat a legny.
A sztes alak mr-mr nem volt, csak lom,
kusza vonalak tmege,
vzlat, melyet csak gy fejez be majd a vsznon
a mvsz emlkezete.
Egy elijedt kutya a szirt mg lapulva
nzett bennnket dhsen,
svran lesve a percet, amikor jra
lakmrozhat a tetemen.
- s hiba, ilyen mocsok leszel, te drga,
ilyen ragly s borzalom,
szemeim csillaga, letem napvilga
te, lzam, dvm, angyalom!
Igen, ilyen leszel, te, nk kztt kirlyn,
az utols szentsg utn,
csontod pensz eszi, hsodbl vadvirg n,
s kvr gyom burjnzik bujn.
De mondd meg, des, a fregnek, hogy e brtn
vad cskjaival megehet,
n rzm, isteni szp lnyegkben rzm
elrothadt szerelmeimet! ]
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